Le sang du foulard

Le sang du foulard

L'œil et la plume d'un scout atypique

cinéaste

photographe

romancier

pour la jeunesse 

1909-1982

 

oeil et plume.jpg
Ferney par Christian Floquet en 1977

 

Le photographe Christian Floquet a bien connu de leur vivant quelques figures emblématiques du scoutisme, personnages de grande notoriété, autant de figures fameuses indissociables de l’histoire du scoutisme et particulièrement de la littérature scoute… Cette proximité privilégiée avec de « Grands Maîtres de la Chevalerie », pour reprendre un terme récurrent dans l’imaginaire scout fondamental, a fait de M. Floquet un des « gardiens du Temple » des images et des souvenirs du scoutisme ! Ayant-droit de Georges Ferney et donc héritier d’une œuvre essentielle du patrimoine « scout », il n’a de cesse d’entretenir la flamme sacrée des « anciens » - ou des « pairs ». Evidemment, il n’est pas le seul ! Si donc d’autres détenteurs de la parole scoute et de souvenirs des « anciens » me font la sympathie de se manifester ici, j’en serais naturellement ravi. Pour l’heure, je suis heureux, humble blogueur sans épée et sans heaume - de surcroît « visage pâle » selon la terminologie scoute -, de compter désormais et aussi rapidement parmi mes honorables correspondants « spécialisés », un témoin aussi précieux et compétent que M. Floquet !

 

Alors que nous devisions de littérature scoute et de ses illustrateurs, Christian Floquet m’a communiqué la biographie ci-dessous, signée de Serge Dalens, auteur célèbre chez « Signe de Piste », accompagné du message suivant :

 

« La biographie signée Serge DALENS est un texte que j'avais demandé à mon ami Yves (de Verdihac) alias Dalens pour préfacer la dernière édition de l'ouvrage de Georges FERNEY mais il dut la modifier un peu ; cela a donné naissance à un autre texte dans l'ouvrage de l'édition de 1996. Ce texte date de 1995. »

 

 

"Né Emmanuel Bonfilhon de Règneiris, Georges Ferney est son pseudonyme principal. Photographe, réalisateur de films et écrivain pour la jeunesse. Il fut l'un des auteurs prolifiques de la Collection Signe de Piste où il publiera également sous les pseudonymes de Georges Calissanne, Geoffrey X. Passover, Patrick Robin, et Jean-Yves Corin. Les thèmes liés au scoutisme sont dominants dans son œuvre. Il s'éteint en 1982.

 

Il n'est pas difficile d'évoquer un ami dont on peut serrer la main tous les jours. Cela l'est bien davantage lorsque cet ami n'est plus de ce monde. Emmanuel Bonfilhon de Règneiris, plus connu sous le pseudonyme de Georges Ferney, nous a quittés voilà maintenant bien des années, mais son œuvre demeure. Il comptait bien des cordes à son arc, à la fois coureur automobile, écrivain, pilote d'avion, photographe, historien, cuisinier, officier de réserve, astronome, juriste, latiniste, maquisard, gestionnaire, journaliste, cinéaste… Il avait fait tous les métiers et brillé en véritable « pro » dans les activités les plus diverses.

 

Natif de la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, Georges est entré aux Scouts de France dès le début des années vingt. Remarqué pour la qualité picturale de ses images, il fournira durant plusieurs décennies de nombreuses photos aux revues du mouvement. En effet, dès le début du printemps 1930, c'est dans la revue Le Scout de France pour laquelle il était correspondant, qu'il publia ses premiers articles illustrés par ses propres clichés. Paraissant sous forme de feuilletons destinés à l'initiation des jeunes scouts à la photographie, ces publications dévoilent déjà l'étendue de ses connaissances quasi-encyclopédiques qui ravissaient son entourage. Il convient donc de brosser un rapide portait du personnage. Oui, comment était-il ? De taille moyenne, mince, avec des cheveux drus vite devenus gris, le teint hâlé et des yeux d'un bleu si clair que je ne saurais oublier.

 

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Georges au labo (auto-portrait) en 1929 et les numéros où il communiquait son expérience de photographe aux scouts désireux de s'initier à la prise de vues...

 

Je l'ai rencontré pour la première fois pendant Les Journées Nationales des Scouts de France, présidées à Strasbourg par le Maréchal Lyautey. C'était bien avant la guerre de 1940 et je me souviens encore de cet élégant scout toulonnais d'adoption, vêtu d'un splendide imperméable blanc, qui s'était déplacé avec son avion personnel pour assister, appareil photo et caméra Pathé-Baby en bandoulière, à cette rencontre strasbourgeeoise.

 

Quelques temps plus tard, c'est au « Jam de 33 » que je retrouve mon Georges bardé d'appareils photos, accompagné par sa joyeuse troupe de la 5ème Sire-de-Joinville des Perdreaux de Toulon aux foulards gris bordé de rouge. Ils campent à proximité des scouts marins provençaux et de son ami toulonnais Pierre Grimaud, venus à Gödöllö avec leur commissaire de province le Général Valdant. Georges, qui fut l'un des photographes talentueux du scoutisme, monte à Paris, pour fixer sur la pellicule le 25ème anniversaire du scoutisme. Durant ce séjour dans la capitale, il approchera le monde du cinéma, faisant la connaissance de René Clair puis Julien Duvivier, qui tourne sur les bords de la Marne La Belle Equipe avec Robert Lynen, l'inoubliable « Poil de Carotte », tombé à vingt ans sous les balles d'un peloton d'exécution allemand. Aux premières heures de « la drôle de guerre », Georges, qui souhaite participer au combat, s'engage dans l'armée de l'Air. Démobilisé, il sort officier de réserve et devient maquisard F. F. I *

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Georges Ferney - une sanguine réalisée en 1931 par un artiste à... identifier, sa signature étant illisible (tous en piste pour nous donner le nom!)

 

Les années passent et les retrouvailles auront lieu au Signe de Piste où officiaient Maurice de Lansaye en compagnie de « Tante Mad » c'est-à-dire Mademoiselle Gilleron, directrice pour la France d'Alsatia, notre premier éditeur. Ayant pris Georges en amitié, elle l'encouragera dans sa carrière littéraire qui débute dès la libération avec la sortie en librairie de Fort Carillon, qui fit grand bruit lors de sa parution car son histoire est presque véridique et elle passionnera nos jeunes lecteurs. Ce premier roman imposera d'emblée Georges comme un des virtuoses du Signe de Piste et instantanément, il deviendra le conseiller littéraire de la collection. Sa facilité d'écriture était telle qu'il était capable de rédiger pratiquement tout d'une traite et sans rature. On peut aisément dire qu'il fut longtemps l'éminence grise du Signe de Piste, corrigeant et réécrivant les manuscrits défectueux, ou adaptant et traduisant certains romans.

 

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Poursuivant une carrière qui débutait si bien sous le nom de Ferney, parurent ensuite La Ménagerie, Le Château Perdu, Le Prince des Sables, Le Chemin de la Liberté. Mais comme Georges craignait de se voir accuser de monopoliser le Signe de Piste, c'est sous le pseudonyme de Patrick Robin que parurent La Maison de l'Espoir et L'Affaire Stani, sous celui de Geoffrey X. Passover que furent publiés Joar de l'Espace et Les Survivants de l'an 2000, sous celui de Georges Calissanne que furent édités Les Fils de la Cité et Le Roi d'Infortune, romans très différents les uns des autres, montrant combien son auteur avait su se renouveler, mais tous parus dans l'une des collections Signe de Piste. Enfin, c'est sous le pseudonyme de Jean-Yves Corin que parut dans la collection Jamboree son roman La Cabane aux Chansons.

 

 

écriture.jpgGeorges Ferney Chez lui à sa table de travail en 1976 par Christian Floquet

 

Mais Georges était avant tout un homme de cinéma, qui s'était voué corps, finances et âme au septième art, aussi bien producteur, scénariste, dialoguiste, metteur en scène, caméraman ou preneur de son. C'est dès la fin des années quarante qu'il entamera, d'après le roman de Claude Appell, la réalisation avec les Scouts de France, des Cent Camarades, le premier film Signe de Piste qui sortira sur les écrans en 1957.

 

georges ferney au jam de 1947.jpg

Caméra au poingt au Jam de 1947


sous l'eau caméra au poing tournage du film le Merveilleux royaume d'après le roman de Pierre Labat.jpgSous l'eau pour le tournage du film le Merveilleux royaume d'après le roman de Pierre Labat

 

Puis en 1951, il nous ramène du Jamboree de Bad-Ischl un documentaire de plus d'une demi-heure. Ensuite, Georges accompagne et filme une troupe de jeunes spéléologues scouts partis explorer le gouffre de la Pierre Saint Martin. De cette visite à des centaines de mètres dans les profondeurs de la terre, naîtra un autre documentaire scout. En 1954, il tourne à bord de « La Calypso » son premier film couleurs tiré du récit de Pierre Labat Le Merveilleux Royaume, retraçant l'histoire du premier groupe de plongée sous-marine des Scouts de France, ce sera le second film Signe de Piste. Enfin en 1958, Georges adapte et fait de son roman Le Chemin de la Liberté un film scout et du même coup, il réalise le troisième film Signe de Piste.

 

Si un jour vos pas vous mènent aux abords de l'Etang de Berre, vous remarquerez une raffinerie. C'est là que s'élevait jadis la demeure d'Emmanuel Bonfilhon de Règneiris, dont le domaine s'étendait à perte de vue."

 

Serge DALENS 

Préambule et mise en page de Choucas (octobre 2013)

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Serge DALENS 

 

 F. F. I. :   Forces Françaises de l'Intérieur  

Accès sur cette ligne à la page Facebook des "fans" de Georges Ferney

Lien complémentaire:

Le Héros sans visage 

 

Prochainement sur ce blog: une note bibliographique détaillée et la filmographie de Georges Ferney rédigées par Christian Floquet



27/10/2013
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